Le présidente de la Chambre de Commerce de l’Indre, par ailleurs conseillère régionale d’opposition, est bien placée pour suivre l’évolution des rapports entre les politiques et le monde de l’entreprise. Elle répond aux questions du petit Berrichon.
Le Petit Berrichon : Le mécontentement des CCI s’est exprimé ces dernières semaines. Lorsque vous prétendez qu’elles sont en danger de mort n’est-ce pas un peu excessif ?
Paulette Picard : Le gouvernement, à la recherche de 50 milliards d’économies a décidé de réduire de 200 millions le budget des CCI et de ponctionner 500 millions sur leurs fonds de roulements. Le résultat, pour l’Indre, c’est une baisse de la dotation de 37 % et une ponction de 3,8 M€ de nos fonds de roulement. Or ces fonds de roulement ne sont pas un trésor de guerre, mais les résultats d’exercices, les prévisions d’investissements. Si la baisse des dotations se confirme en 2015 nous risquons de finir l’année 2015 avec un fond de roulement négatif ce qui est contraire à nos statuts.
LPB : Vous êtes donc à la tête d’un monument historique en péril ?
Paulette Picard : Les premières chambres de commerce datent du XVIe, c’est Napoléon qui les a réformées pour arriver aux établissements publics créés par la loi de 2010, que l’on connait aujourd’hui. Des établissements dont la mission est le développement économique ; la formation des salariés aux multiples métiers des entreprises. (l’Indre est le CFA consulaire le plus important de la région Centre). Nous accompagnons par nos conseils les projets de développement des entreprises. Nous participons enfin à l’attractivité des territoires. Dans l’Indre la CCI a construit les silos d’Issoudun, la gare routière, la défunte passerelle sur les voies SNCF. On le fait pour le compte de l’Etat et on le redonne à la collectivité. Ce fut le cas pour la zone d’activité de La Martinerie, la zone industrielle aéroportuaire, l’école d’ingénieurs. Les CCI ne coûtent rien à l’Etat puisque nous sommes financés par les entreprises 1 % de leur TFC (l’ancienne taxe professionnelle) est clairement fléché comme contribution au fonctionnement de la chambre de commerce.
LPB : On cherche donc très clairement à limiter le nombre des CCI ?
Paulette Picard : C’est directement lié à la réforme territoriale. De la même façon que l’on cherche à faire disparaître les assemblées départementales, on a entamé la réorganisation des services de proximité des établissements publics. Une partie de nos services ont été aspirés par Orléans. On raisonne désormais en termes de CCI métropolitaines. Mon mandat expire fin 2015, mais si c’est pour être à la tête d’une agence de la CCI régionale, ça ne m’intéresse plus. Je me demande même s’il y aura de nouvelles élections départementales.
LPB : Le directeur du centre de formation n’a pas été remplacé faut-il en conclure que l’avenir de la formation est incertain ?
Paulette Picard : Le directeur a effectivement quitté Châteauroux pour rejoindre la chambre régionale. Christophe Martin chapeaute désormais les deux structures, d‘autant plus facilement qu’il a été huit ans à la tête du centre de formation. Nous donnons l’exemple de la mutualisation. Dans certaines chambres de commerce la formation est passée sous giron associatif, il n’y a donc pas d’inquiétude à avoir pour les trente personnes sous statut et les 200 free-lance qui interviennent au centre de formation.
LPB : Etes vous satisfaite du développement de l’école d’ingénieurs ?
Paulette Picard : On s’était fixé l’objectif de 30 élèves pour cette troisième rentrée, nous en sommes à 28, mais avec 28 contrats d’apprentissage signés. L’école compte désormais 55 élèves ingénieurs. HEI envisage d’ y ajouter une filière BTP par apprentissage dès la rentrée 2015 et une filière numérique. Par ailleurs il existe une demande de formation pour remettre à niveau des ingénieurs de 40 ans qui ont besoin de s’adapter à la nouvelle numérique.
LPB : Et l’on retrouvera tout cela sur Eco Campus ?
Paulette Picard : Absolument si l’on ajoute HEC, Politech, la Fac, l’IUT et le nouvel IUFM on arrive à 1000 étudiants sur Ecocampus. On mutualise les salles, les enseignants chercheurs, les labos ce qui n’empêche pas chacun de garder sa spécificité. A toutes ces formations universitaires il faut ajouter la formation continue avec le CNAM.
LPB : Est-ce qu’il n’y a pas une compétition entre la CCI et Initiative Indre qui intervient sur le terrain de la création d‘entreprises ?
Paulette Picard : C’est avec la boutique de gestion que nous sommes en concurrence lorsqu’il s’agit de répondre aux appels d’offre pour gérer des fonds soutenant des projets de développement.
LPB : Votre rêve d’attirer les Chinois vers Balsan s’est évanoui ?
Paulette Picard : Un accord avait été signé entre SFECZ (l’opérateur chinois du projet EuroSity) et l’université d’Orléans, il a été dénoncé, la formation se fera donc à La Martinerie avec une société privée. Je ne sais pas du tout où ils en sont, sinon que des travaux sont en cours près du bâtiment du centre de mémoire, à l’entrée de la zone Nord de la Martinerie.
Propos recueillis
par Pierre Belsoeur